Amok suivi de Lettre d'une inconnue, Stefan Zweig

Édition Le Livre de Poche, 
2010, 222 p
Note attribuée :  9/10 

Quatrième de couverture : La passion en ce qu’elle a d’irrésistible et de semblable à la folie : c’est le thème central de ces trois récits publiés en 1922 par le grand écrivain autrichien, auteur du Joueur d’échecs et de La Confusion des sentiments. L’amok, en Malaisie, est celui qui, pris de frénésie sanguinaire, court devant lui, détruisant hommes et choses, sans qu’on puisse rien faire pour le sauver. Le narrateur rencontre sur un paquebot un malheureux en proie à cette forme mystérieuse de démence. Histoire encore d’une folie, d’une passion – d’un amour fou, cette fois – que la Lettre d’une inconnue reçue par un romancier à succès. Mais la passion peut faire de l’homme dominateur et méprisant un être humilié et ridiculisé : c’est le thème du troisième de ces récits, La ruelle au clair de lune.

Avis :
 Ce recueil regroupe trois nouvelles de l'auteur autrichien Stefan Zweig (1881-1942). Dans l'ordre de longueur et de présentation par l'éditeur (qui est aussi mon ordre de préférence), on trouve : Amok, Lettre d'une inconnue et 
La ruelle au clair de luneC'est le deuxième livre que je lis de cet auteur après l'excellent Le joueur d’échecs, et je dois dire que je suis de plus en plus impressionné par le talent de cet écrivain.

Les trois nouvelles ont en commun le thème de la passion, cette passion qui confine à 
l’obsession et à la folie et qui mène inexorablement à l'autodestruction.

Le travail de traduction est à la hauteur du talent de l'auteur : une langue précise et concise au style poétique (les premières pages d'Amok ne laissent pas indifférent tant elles créent rapidement une ambiance immersive qui happe le lecteur). Il faut aussi noter 
une remarquable finesse dans la construction et l'analyse psychologique des personnages qui confère à ces courts textes une grande densité et une forte charge émotionnelle (la Lettre d'une inconnue est très poignante). Sans conteste, Zweig est un virtuose de la nouvelle.

Dans l'édition Le Livre de Poche, on trouve une préface de l'auteur français Romain Rolland prix Nobel de littérature 1915 et grand ami de l'auteur. En fin de volume, il y a aussi une passionnante biographie d'une trentaine de pages consacrée à l'écrivain autrichien. Le Livre de Poche a déjà publié de nombreux écrits 
de Zweig, ce qui est bien, mais le morcellement de son œuvre pour des considérations mercantilistes l'est beaucoup moins.

Pour finir et 
je parle à titre personnel, la lecture d'une œuvre de cet auteur ne peut se faire sans un certain pincement au cœur : écrivain sensible au tempérament dépressif, Zweig a vécu ses dernières années tourmenté. La montée du nazisme en Autriche (son pays), la Seconde Guerre mondiale et un exil mal vécu n'ont fait que précipiter les choses : il s'est suicidé avec son épouse en 1942.

Conclusion :
 Excellent recueil signé par un nouvelliste talentueux. Si vous êtes fâché avec les pavés indigestes de 1000 pages, je vous conseille ce petit livre de 222 pages (préface et biographie comprises), il va sûrement vous réconcilier avec la lecture.

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